Les fragmentations successorales expliquent l’existence de trois domaines portant le nom de Gros sur la mosaïque de Vosne-Romanée.

Michel Gros est notamment l’héritier du Monopole en Premier Cru ‘Clos des Réas’, duquel est issu des vins d’une très grande finesse. Si le domaine Michel Gros est absent de certains guides français, le réputé Clives Coates le situe paradoxalement dans sa poignée de producteurs cités avec trois étoiles (‘these domaines are rare’) dans son livre ‘The Wines of Burgundy’. Michel Gros produit des vins pleins et texturés, dont les corps sont plus sculptés qu’imposants.

Parmi les producteurs renommés, ils sont nombreux à ignorer les modes qui influencent les périodes.

Ils perpétuent un savoir-faire et leurs dextérités déterminent leur style, propre, reconnaissable. Hubert Lignier est de cette trempe. Il est toujours impliqué dans les activités du domaine familial qui sont dirigées par son fils Laurent, lui-même à la relève de son frère Romain, décédé prématurément en 2003. Les vins actuels sont comme ceux produits au domaine il y a 20 ou 30 ans, soit des pinots noirs ciselés et délicieux, aptes à de longues gardes.

Ce Domaine représente beaucoup pour nous. Parmi les premiers Domaines prestigieux de la Côte d’Or à nous témoigner confiance pour la représentation de leurs vins au Québec, la dégustation d’une bouteille de notre cave est toujours un grand moment. Romain Lignier était un grand génie du pinot noir. Nos nombreuses rencontres et dégustations avec Romain demeurent dans nos mémoires, et nous saluons le courage de Laurent et Hubert qui ont repris fièrement le flambeau.

C’est à partir du millésime 2006 que nous avons entrepris l’importation privée des vins du Domaine Mugneret-Gibourg, après avoir été conquis par ceux-ci aux Grands Jours de Bourgogne 2008. Notre propre dégustation plaçait alors les vins de Mugneret-Gibourg parmi l’élite de la Côte de Nuits, supérieurs à ce que la lecture des guides, à cette époque, nous laissait croire. Les vins des derniers millésimes sont-ils meilleurs, ou la critique est-elle plus attentives à ceux-ci récemment? Toujours est-il que la presse reconnait aujourd’hui unanimement le statut mérité par le Domaine.

Nous sommes ravis de cette reconnaissance. Les deux sœurs Marie-Christine et Marie-Andrée pratiquent une grande discipline pour chacun des aspects de la vigne à la mise en bouteille. Ici, l’élevage des vins est un véritable art. L’usage du fût est très judicieux, et apporte de l’exquis aux tannins. Les vins sont purs et très élégants, dotés d’une touche féminine sans pour autant manquer de stature. Toute la gamme est impeccable, à chaque millésime. Gracieuses, les sœurs Mugneret, gracieux sont leurs vins.

Le patrimoine de vignes du Domaine Georges Noëllat, majoritairement composé de prestigieux 1ers et grands crus sur Vosne Romanée et Nuits Saint-Georges, est impressionnant tant par les lieux-dits que par l’âge moyen des vignes, dont plusieurs parcelles sont centenaires. Depuis de nombreuses années, les vins étaient vendus en quasi-totalité au négoce, avec un nombre confidentiel de bouteilles commercialisées sous l’étiquette du Domaine pour le bénéfice de quelques clients fidèles qui se rendaient chaque année à Vosne. Maxime Cheurlin, petit-fils de Marie-Thérèse Noëllat et récemment gradué du Lycée Viticole de Beaune, est en charge depuis le millésime 2010.

Dès ce premier millésime sous sa gouverne, tout fût repris en main par Maxime, du travail de la vigne au chai, avec l’ambition de travailler comme les plus grands. Sous l’inspiration de ses voisins tels Jean-Nicolas Méo, Emmanuel Rouget et la DRC, ce jeune talent a bien compris que pour atteindre les plus hauts niveaux, il ne peut se permettre aucun compromis. Les vins sont francs et opulents, appuyés par de jolis boisés qui ne masquent en aucun temps la grande race des terroirs.

Il ne fait aucun doute que Maxime Cheurlin, et par le fait même le Domaine Georges Noëllat, font désormais partie de l’élite de la Côte de Nuits.

L’ambitieux Christophe Perrot-Minot est très méticuleux dans toutes les tâches du métier. Sur les derniers millésimes, les appoints de finesse et de velouté de texture obtenus dans les vins élèvent indubitablement le domaine parmi l’élite fine des producteurs de la Côte de Nuits, ce que reconnaissent pleinement les critiques reconnus de la Bourgogne. Les rendements bas sont recherchés dans le vignoble et, particulièrement sur les derniers millésimes, les extractions et élevages sont très soignés, se traduisant par une pureté de fruit exceptionnelle dans les vins.

Établi à Morey Saint-Denis, le Domaine Henri Perrot-Minot possédait déjà un patrimoine impressionnant avec, entre autres, des parcelles notables en Charmes-Chambertin, Mazoyères-Chambertin, ainsi que sur plusieurs lieux-dits prestigieux de Morey et Chambolle.  Avec l’acquisition du Domaine Pernin-Rossin en 2000, Christophe a ajouté des parcelles sur les communes de Nuits St-Georges et de Vosne-Romanée au patrimoine familial, dont les prestigieux 1er crus La Richemone (Nuits) et Les Beaux-Monts (Vosne). L’imposante gamme est complétée avec des cuvées de négoce de haute voltige, dont les grands crus Chambertin, Clos de Bèze, Chapelle Chambertin et Clos Vougeot.

Les frères Lecheneaut produisent surtout des vins d’appellations communales, assez exceptionnellement sur toutes les communes de la Côte de Nuits, sauf Fixin. En ce sens, ils suggèrent une comparaison idéale des appellations de Marsannay, Gevrey, Morey, Chambolle, Vosne et Nuits. Les vins sont confectionnés consciencieusement et la régularité de qualité des millésimes est celle du métronome. Leur élégant boisé, qui est sensible et enjoliveur pendant les premières années, se fond admirablement après quelques années de vieillissement.

Les Damodes est toujours un favori de la cave ici. Ce superbe lieu-dit, situé très favorablement à la limite nord de Nuits, au dessus du 1er cru Boudots et voisin du 1er cru Malconsorts de Vosne, est divisé avec une partie classée en premier cru et une partie en appellation communale. La vigne du Domaine couvrant les deux zones, les frères Lécheneaut isolent depuis quelques millésimes la cuvée de 1er cru, bonifiant la cuvée de Nuits-St-Georges des raisins provenant de la portion village.

Le domaine produit également un grand cru, le Clos de la Roche. La production de ce dernier, rendu mythique par un note parfaite de 100 du Wine Advocate sur le millésime 2002 et une parution dans le manga japonais ‘Les Gouttes de Dieu’, n’est malheureusement que d’une seule barrique par an.

La superficie du vignoble de Pierre Damoy est de 10,5 ha, dont 8 sur les Grands Crus ‘Chambertin’ ‘Chambertin-Clos-de-Bèze’ et ‘Chapelle-Chambertin’. C’est enviable, n’est-ce pas! Depuis une vingtaine d’années, le domaine est une source de véritables nectars parce que les investissements en efforts sont constants et considérables, tant à la vigne pour en contenir les rendements et également obtenir des raisins sains sans emploi de produits de synthèse, qu’au chai, où le tri des raisins est rigoureux et les vinifications et les élevages sont soignés.

25 années de collaboration et d’amitié

Le Domaine René Bouvier occupe une place unique dans notre histoire et dans nos coeurs. En plus d’avoir été de nos premières importations privées en 1996, notre tout premier vin référencé en SAQ fut une cuvée de Bouvier. Fin vingtaine à l’époque, Bernard nous accueillait dans la petite cuverie attenante à la maison familiale, située tout juste derrière l’église, au coeur du village de Marsannay. Au fil du temps, une grande amitié s’est développée entre nous, et c’est toujours avec la même passion qu’il nous accueille désormais dans ses installations plus spacieuses de Gevrey-Chambertin. Nous avons été témoins sur 25 ans de l’évolution du Domaine, et notre marché fut privilégié d’avoir accès à ces vins depuis si longtemps. En dégustant en équipe ces magnifiques cuvées que nous vous proposons ci-dessous, la réflexion est venue que s’il y a un risque d’avoir été un des premiers domaines artisanaux de la Côte d’Or présent en réseau SAQ, c’est que les amateurs du Québec oublient ce privilège d’avoir si facilement accès à ces vins d’exception, aujourd’hui prisés de par le monde. – Francis M.

Vignoble familial depuis trois générations, l’essentiel des climats du Domaine sont situés sur les appellations Marsannay, Fixin et Gevrey-Chambertin. La propriété, dirigée par Bernard Bouvier depuis 1992, possède un rare patrimoine de vieilles vignes, avec une moyenne d’âge d’environ 55 ans. La palette des crus est composée de 26 cuvées réparties sur 80 parcelles, allant de l’appellation Bourgogne jusqu’aux plus célèbres grands crus, tels Charmes-Chambertin et Échezeaux. Intégralement récoltés à la main, les raisins proviennent des 23 ha de rouges et de 7 ha de blancs en propriété, et de quelques achats complémentaires.

Bernard fait indiscutablement partie des vignerons qui ont apporté du sang neuf à la Bourgogne, lui qui possède peu d’équivalents dans la région grâce à ses qualités d’artisan, et à cette intelligence de se remettre en question. Poussé par la curiosité et la simple envie d’expérimenter, il élabore depuis quelques années des cuvées ‘sans soufre ajouté’, ce qui témoigne de sa grande ouverture d’esprit et de ses talents de vinificateur, puisque les résultats sont époustouflants et les retours très élogieux.

Autrefois bâtis plutôt solidement, le style et l’expression des vins ont connu une progression notable au cours des derniers millésimes, grâce aux fondamentaux d’une nouvelle approche qualitative qui ont été mis en place au début des années 2000 : une baisse significative des rendements, l’emploi de la vendange entière, beaucoup moins de soufre, un usage plus modéré du bois neuf et une maturité d’une précision extrême – Bernard déguste systématiquement les baies sur pieds de chaque parcelle afin de déterminer le moment exact de la vendange. Même si les sols sont travaillés dans le respect depuis toujours, 2009 officialise le démarrage d’une pratique 100% biologique, philosophie de travail qui est maintenue méticuleusement, sans certification.

« Ce sont des petites choses, qui ont fait une grande différence pour en arriver à un style qui me plaise vraiment. Cela donne des vins plus aboutis, avec une dimension de fruit et de fraîcheur qu’on n’avait pas auparavant, des tanins soyeux et une trame minérale et saline. »

La signature du style du domaine René Bouvier réside indiscutablement dans la texture suave inégalable des vins, notamment grâce à une vinification délicate sous le signe de l’infusion et non de l’extraction.

« Le raisin donne ce qu’il a envie de nous donner naturellement, sans forcer le potentiel du terroir et du millésime, c’est vraiment ma philosophie, je ne vais pas aller chercher de la matière. »

Les vins offrent aujourd’hui une substance juteuse, un toucher de bouche dense et tendre, avec une vraie complexité aromatique et un goût affirmé du lieu qui les a vus naître. Avec des gains en pureté et en équilibre, ce domaine est devenu un incontournable pour les amateurs de Bourgogne. Et bonheur, les prix demeurent judicieux.

Thibault Liger-Bélair est établi à Nuits St-Georges et est à la barre d’un « jeune » domaine historique qu’il a créé suite à la reprise, en 2001, des vignes familiales longtemps cédées en métayage. Il est cousin du Vicomte Liger-Bélair, établi lui à Vosne, qui représente l’autre branche historique de la famille Liger-Bélair.

L’ascension de Thibault au sein de l’élite bourguignonne est jusqu’à maintenant fulgurante. Une ascension certes favorisée par son impressionnant patrimoine de vignes, dont des Richebourg, des Clos de Vougeot, et une parcelle de plus de 2 hectares de ‘Les Saint-Georges’, le plus prestigieux des premiers crus de Nuits, ce qui en fait d’ailleurs le plus grand propriétaire. Mais les terroirs ne font pas tout, et Thibault est un très grand vinificateur.

Il recherche primordialement les expressions de terroir dans ses vins. Ceux-ci sont produits selon les pratiques de la biodynamie. Les rendements des vignes sont faibles pour lui permettre de faire des cuvaisons aux extractions douces, et ainsi obtenir des vins denses et charnus. Sur plusieurs cuvées, une proportion de vendange entière est utilisée. Sur les derniers millésimes, la progression est notable et les vins gagnent sans cesse en définition et en pureté. Le travail acharné de remise en état des sols paye ses dividendes. En 2009, le Domaine a pris de l’expansion avec l’acquisition de vignes à Moulin-à-Vent.