Peut-être avons-nous été trop humbles en communiquant au sujet de Goisot au fil des ans? Ce fut du moins le fruit de notre réflexion en observant une fois de plus la foule de dégustateurs professionnels qui a déferlé devant leur kiosque lors de notre passage aux Grands Jours de Bourgogne en mars dernier. Cette scène nous renvoie à cette impression de déjà-vu, pour l’avoir vécue à maintes reprises, peu importe la manifestation où ils sont présents. Ce jour-là, les vins se goûtaient à merveille et étaient d’une pureté saisissante, certes, mais ce qui nous a le plus stupéfait, c’était que malgré l’affluence monstre, Guilhem et son épouse Marie ont réellement pris le temps de nous présenter avec calme et gentillesse chacune de leurs 11 cuvées en détail. Un grand moment de partage que nous ne sommes pas près d’oublier!

Le domaine Goisot brise certains codes établis de la Bourgogne, surtout en matière de notoriété des appellations. Situé à Saint-Bris dans l’Auxerrois, il partage avec son très proche voisin Chablis sa géologie si particulière, riche en calcaire kimmérdgien. Depuis de nombreuses années, Ghislaine et Jean-Hugues Goisot, et désormais leur fils Guilhem accompagné de son épouse Marie, impressionnent par la qualité de leur production d’une régularité sans faille, en pratiquant sûrement l’une des viticultures les plus idéalistes du nord de la Bourgogne. Pour y parvenir, un travail sans relâche permet d’obtenir une matière première irréprochable (certifié en bio et biodynamie), vinifiée ensuite avec soin et une haute précision.

Si chaque cuvée a sa propre expression, elles s’unissent toutes autour d’un même axe : la minéralité et la pureté de fruit qui résonnent ici comme nulle part ailleurs. Les beaux terroirs crayeux des Côtes d’Auxerre conviennent aussi bien au Sauvignon (Saint-Bris – la seule appellation bourguignonne requérant 100% de ce cépage) qu’au Chardonnay, Pinot noir et Aligoté. Ne cherchant pas les surmaturités, le fruit ne prend pas le dessus, et les vins vivent d’une tension terrienne les rendant parfois un peu austères dans leur prime jeunesse, où la carafe est de mise. Cela déroute bien évidemment les plus pressés, mais pas ceux qui se plaisent à faire dormir un peu leurs bouteilles dans leur cave. Ils se régaleront d’un Aligoté après deux ans, d’un Corps de Garde après cinq ans ou d’une Gondonne après sept ans.

Les blancs rejoignent autant les amateurs de grandes propriétés chablisiennes que de grands noms de la Côte de Beaune et les rouges, étonnamment mûrs et fournis malgré leurs origines nordiques, sont remarquables et n’ont jamais été aussi réussis et accessibles!

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